Rendez-vous avec la Lune. Après une première partie dédiée à la technologie (la genèse de la fusée Saturn V, son fonctionnement, le voyage jusqu’à la Lune), voici un deuxième épisode consacré aux Hommes et Femmes qui ont fait de la mission Apollo une réussite… La liste ne se veut pas exhaustive, c’est bien sûr impossible, mais je souhaite mettre en lumière quelques uns des cerveaux brillants qui se cachent derrière l’exploit ! Quels ont été leurs rôles et leurs apports ?
Commençons par les astronautes. On a du mal à imaginer le ressenti et la tension de ces hommes qui ne savaient même pas s’ils allaient rentrer vivants, alors engagés sur une route que nul n’avait jamais empruntée, avec une machine jamais vraiment testée en conditions réelles (notamment le module Lunaire Eagle).
En fouillant un peu les reportages, articles, livres dédiés à la mission, on se rend compte de cette extraordinaire force dont ont dû faire preuve ces hommes de l’espace.
Avant tout, comme beaucoup, je reste très impressionnée par les capacités intellectuelles, les compétences techniques et la maîtrise émotionnelle du Premier Homme sur la Lune : Neil Armstrong ! Bien sûr, ses deux co-équipiers Buzz Aldrin et Michael Collins méritent tout autant d’éloges et de considération (et c’est ce succès « collectif » qu’il a toujours souhaité qu’on célèbre), mais j’aimerais souligner quand même ici, celui qui a su gérer 3 situations inattendues lors de l’approche du sol lunaire.
Alors qu’Eagle est en train de descendre vers la Lune, dans sa phase d’approche finale, une alarme retentit dans le module lunaire ! Qu’est-ce que c’est ? Que signifie-t-elle ? Y a-t-il un problème sérieux à gérer d’urgence ? Doivent-ils annuler la mission ? Les astronautes n’étaient pas censés connaître la signification de toutes les alarmes ! Les ingénieurs du centre de contrôle à Houston, là bas sur Terre, très tendus, prennent en compte les autres paramètres, analysent dans l’urgence et rassurent un peu : si l’alarme n’est pas continue mais seulement intermittente, il n’y a pas lieu d’annuler la mission.
Il s’est avéré en fait que la cause était la surcharge du système informatique qui recevait trop d’informations et manquait de mémoire ! Il s’avère aussi la zone d’alunissage initialement prévue n’est pas celle qui s’annonce !
Un « mauvais sol » : voilà la 2e « surprise de taille » qui accueille le module lunaire lors de son approche. L’ordinateur de bord était supposé pouvoir appréhender le sol lunaire mais finalement, en scrutant le sol, Neil Armstrong réalise que le site d’alunissage n’est qu’un champ de pierres et de rochers qui ne permet pas à Eagle de se poser : c’est la catastrophe assurée ! Alors, il faut reprendre les commandes du vaisseau manuellement, baisser la vitesse et voler « horizontalement » pour trouver rapidement un site plus adéquat. C’est un fin travail de pilote !
Tout cela n’était pas prévu et cela consomme du carburant. D’ailleurs, au moment où il se pose, il ne reste pratiquement plus de carburant, et c’est le 3e hic ! Et sur Terre, ils ont eu très peur ! Le message de confirmation des deux astronautes lorsqu’enfin Eagle touche la Lune est accueilli par un beau cri de soulagement !
Bref, vous imaginez la tension là-haut, et ici bas ? Il fallait agir vite et bien, en gardant son calme tout en évoluant dans l’inconnu (en tous cas loin de ce qui avait été prévu lors des simulations) et c’est exactement cette performance que j’admire chez Neil Armstrong … Quel mental ! Il avait développé la capacité de rester serein et de prendre des décisions rapidement sous la pression.
Un autre astronaute que j’ai découvert grâce à ce 50e anniversaire est Charlie Duke. C’est lui aussi un astronaute visiteur de la Lune, il a actuellement 83 ans et a fait partie de la mission Apollo 16 (1972) comme co-pilote aux côtés de John Young. En fait, j’ai découvert son interview dans un numéro de la revue sportive « L’équipe » (Numéro 1931). Passionnant de se dire que 50 ans après, des gens qui ont vécu l’aventure de l’intérieur puissent encore nous livrer leurs émotions toujours aussi intenses.
Bref, Charlie Duke, avant de décoller lui-même, a joué un rôle important dans la mission Apollo 11. C’est Charlie Duke qui s’adresse, depuis le centre de contrôle sur Terre aux 3 astronautes ! C’est lui le « Capcom » (Capsule Communicator), le seul interlocuteur, capable de « traduire » en messages clairs, avec des mots typiques du jargon des astronautes. C’est lui, qui annonce à Neil Armstrong, qu’il lui reste si peu de carburant pour alunir (quoique le système de mesure du niveau restant, n’était peut-être pas si fiable).
Bon alors, finalement, cette alarme qui a retenti lors de la dernière ligne droite vers la Lune, liée à une surcharge de l’ordinateur de bord, n’a tout de même pas remis en cause le bon déroulement de la mission ! Heureusement. Et ça, c’est grâce à la bonne conception du logiciel embarqué.
Quelques mots donc sur le développement des programmes et des systèmes informatiques qui ont permis la réussite de ce programme spatial ambitieux. J’en profite pour parler de ces deux femmes, qui ont joué un rôle dans le programme Apollo. L’une d’elle est assez connue (un peu sur le tard) : Margaret Hamilton, informaticienne, mathématicienne.
Passionnée de maths depuis son plus jeune âge, elle intègre le Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 1960. Elle entre un peu plus tard au Laboratoire Draper du MIT, un département consacré au développement et la mise en oeuvre de technologies pour l’exploration spatiale où elle manage une équipe en charge de la mise au point des logiciels pour la mission Apollo, notamment les logiciels embarqués pour gérer la navigation et l’alunissage.
Margaret Hamilton a notamment travaillé pour que le programme puisse être capable de prioriser les tâches qu’il est censé accomplir : c’est donc grâce à elle, qu’Eagle a quand même pu se poser sur la Lune malgré les alarmes déclenchées sur l’ordinateur de bord. La tâche prioritaire était bien respectée : celui de faire atterrir l’engin spatial.
En 2003, Margaret reçoit un prix de la NASA en reconnaissance de sa contribution au développement des programmes informatiques spatiaux et en 2016, c’est le président Barack Obama qui la met à l’honneur et lui remet comme récompense « la médaille de la liberté ».
Restons dans le domaine des mathématiques, de l’informatique spatiale, pour présenter une autre femme : Frances Northcutt (« Poppy »), la première femme ingénieure à la NASA, impliquée elle aussi dans le programme Apollo. Elle a en particulier travaillé au Mission Control de Houston sur le calcul des trajectoires spatiales permettant de ramener en toute sécurité les astronautes sur Terre (pour les missions Apollo 8, 10, 11, 12 et 13). Avec son équipe, elle a analysé avec précision à quels instants et combien de temps devaient être allumés les moteurs, en tenant compte de l’angle d’attaque et la vitesse afin que la trajectoire du vaisseau soit correcte : si l’angle n’est pas correct le vaisseau peut soit s’embraser soit rebondir sur l’atmosphère.
Poppy a énormément travaillé afin de vérifier tous les moindres détails pour que la trajectoire de retour soit la plus optimale : sa mission première était avant tout de faire rentrer les astronautes vivants ! Tout cela a permis de mieux anticiper et prévoir les besoins réels en carburant !
Voici une vidéo toute fraîche, d’Une Fille dans le Lune, consacrée à Poppy.
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