Nancy, la Science et Nous…

Aujourd’hui, un post un peu particulier… il sera question de Sciences certes, parce que c’est quand même le mot d’ordre de ce blog mais aussi de mon dernier week-end à Nancy, une ville extraordinaire qui a façonné ma vie pendant six merveilleuses années. 20 ans après avoir quitté la ville, je suis toujours nostalgique mais il reste les week-ends « villégiature » pour renouer avec le passé et tout ce qui s’y rattache : au rendez-vous : l’Art, la Nature et la Science.

Art et points d’Histoire

Alors bien sûr, Nancy est une ville surtout célèbre par sa magnifique place « Stanilas » (place Stan pour les intimes) inscrite au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Elle charme l’œil par ses lignes droites, ses enfilades de fenêtres, ses bâtiments imposants, ses grilles dorées, ses sculptures charmeuses et les fontaines relaxantes …
Chaque année en octobre, une manifestation « Le Jardin Éphémère » honore la Nature et habille la Place (voir le paragraphe dédié).
Voici quelques belles images. 

Place Stanilas et le Jardin Éphémère (Octobre 2017) – Vue du premier étage de l’hôtel de Ville

Place Stanilas et le Jardin Éphémère (Octobre 2017) -A droite l’Opéra

Place Stanilas et le Jardin Éphémère (Octobre 2016) – Hôtel de Ville

Alors quelques petites explications sur les personnages marquants qui ont fait l’histoire de cette Place datant du XVIIIe siècle. L’architecte Emmanuel Héré en est l’architecte et a travaillé à la demande Stanislas Leszczwinski, roi de Pologne, Duc de Lorraine. Ce grand Homme dont une statue s’élance au beau milieu de la Place a beaucoup marqué Nancy. En lien avec les Lumières, il a cherché à promouvoir les artistes et les gens de lettres et à favoriser la diffusion des connaissances : on lui doit d’ailleurs la création de la Société Royale des Sciences et des Belles Lettres (Académie de Nancy). La Place Royale (avant d’être baptisée Place Stanilas) est créée en l’honneur de son gendre Louis XV et construite entre 1751 et 1755 (un chantier de 3 ans 1/2).Elle fait le lien entre la Vieille Ville et la Ville neuve.

Pourquoi cette place séduit-elle autant ? Son architecture classique y est pour quelque chose : ce style d’inspiration de l’Antiquité, riche en symétries, en lignes sobres sublimant des pavillons à façades régulières, harmonieuses et élégantes (Musée, Opéra, Hôtel, Hôtel de ville) … bref un appel à l’ordre et à la raison qui charme, rassure et apaise nos cerveaux humains.

Mais la Place a quelque chose de « plus » puisqu’elle associe aux bâtiments épurés des touches de style baroque et rococo via les fontaines, les portes, réverbères, grilles et portiques ornés d’or, véritables oeuvres d’Art de Jean Lamour (serrurier, ferronnier). Un Institut Nancéen porte d’ailleurs son nom : l’Institut Jean Lamour, créé en 2009, est dédié aux recherches en sciences des matériaux et procédés (autour d’axes de recherche tels que la métallurgie, les nanomatériaux, les traitements de surface, mais aussi la fusion thermonucléaire…)

Fontaine Amphitrite prise en octobre 2017

Fontaine de Neptune brandissant un trident : photo prise en octobre 2016

Une des grilles et réverbère à l’entrée de la Place.

Éloignons-nous un peu de la place Stan et dirigeons-nous vers la Vieille Ville. Là, on ne manque pas de croiser la route de la Basilique St Epvre, de style néogothique du XIXe siècle.

Basilique St Epvre

Comment parler de Nancy, sans évoquer la Porte de la Craffe, un autre édifice marquant de la ville : j’y suis personnellement très attachée pour de multiples raisons… Elle a fait partie de mon quotidien pendant six ans puisque j’empruntais le passage voûté pour me rendre à l’Ecole située juste derrière (locaux de l’école d’ingénieur et ceux de mon labo. de thèse – j’en reparlerai un peu plus loin), puis j’ai habité 2 ans dans la rue qui la jouxte (Rue de la Craffe) et enfin, j’ai pris des cours de batterie au sein même d’une des tours de l’édifice (à l’EMAN). Magique !

La Porte de la Craffe

La Porte de la Craffe, est un magnifique vestige de l’époque médiévale, composée d’une tour centrale carrée fondée par le duc Jean 1er au milieu du XIVe siècle puis de deux tours rondes ajoutées de part  et d’autre en 1463.

Mais Nancy, c’est aussi le berceau de l’Art Nouveau. En opposition aux styles anciens, aux lignes jugées parfois sévères, froides et rigoureuses, un mouvement artistique voit le jour vers la fin du XIXe siècle et connaît son apogée dans les années 1900. Ce style se reconnaît d’un coup d’œil à ses lignes courbes, ses arabesques, ses ornementations inspirées par les fleurs, plantes, insectes… : une façon d’éveiller les consciences à l’esthétique de la Nature et la prendre comme modèle.
Nancy est l’une des deux Ecoles (aux côtés de Paris) qui sublime cet art, autour d’Emile Gallé (qui crée d’Ecole en 1901), Louis Majorelle, Jacques Daum, Eugène Vallin.
Bref, en se promenant dans la ville, vous tomberez inévitablement sur des maisons particulières qui portent l’empreinte de cet Art Nouveau.

Une superbe devanture, quai Claude le Lorrain à Nancy.

 

La Nature
La Nature à Nancy, c’est d’abord pour moi, le parc de la Pépinière d’un peu plus d’une vingtaine d’hectares… j’y ai fait pas mal de révisions avant examens au pied de la Roseraie puis, avec un peu de chance, la visite du paon est probable. Pourquoi ce nom ? parce que ce parc est l’ancienne pépinière royale fondée en 1765.

Si vous voulez en savoir un peu plus sur les couleurs du paon, je vous invite à lire cet article d’un de mes collègues du Café des Sciences.

La Pépinière. Ici une hutte suspendue (De l’architecte Camille Tourneux) au sein d’un séquoia géant

Alors de façon plus éphémère, cap sur l’exposition temporaire « Place à l’arbre »… car cette 14e édition du Jardin Éphémère se focalise sur l’Arbre et le célèbre dans toutes ses déclinaisons grâce à 12 scènes végétales : sa diversité, son rôle dans le climat, son utilisation (énergie, construction) et l’arbre comme source d’inspiration pour tant d’artistes. Un dépaysement total.

« L’arbroeuf  » _mariage symbolique entre vie animale et végétale, du sculpteur Rachid Khimoune, le bois-énergie (charbon de bois), la plante carnivore Nepenthes x ventrata, des lentilles d’eau et la sculpture bourgeon d’un jeune charpentier.

Les Sciences

Je termine enfin ce post (long mais il le fallait bien…) par un petit focus « science », pour rester dans le champ d’action de ce blog mais aussi, parce que chacun de nos week-end nancéiens est toujours marqué par une petite visite sur les lieux mêmes de notre vie étudiante passée (entre 1992 et 1998…mazette que le temps file). Je dis Nous, car c’est aussi en ces lieux que j’ai rencontré mon futur mari, thésard également à la même époque, dans un des labos de l’Ecole Nationale Supérieure des Industries Chimiques (au DCPR, rebaptisé depuis le LRGP-laboratoire Réactions et Génie des Procédés).

A l’ENSIC, on forme des Ingénieurs Procédés… On apprend à comprendre un process industriel, le concevoir, en analyser les différents composants.
Ma manip. de thèse n’est plus… mais celle de Monsieur existe toujours : j’en profite pour en dire quelques mots. L’étude a consisté à étudier l’oxydation de composés insaturés à l’aide de différents outils dont l’un d’eux est le tube à onde de choc.

Tube à onde de choc pour l’étude de la combustion de composés gazeux (Laboratoire Réactions et Génie des Procédés – Nancy UMR 7274)

Pourquoi ce sujet ? Le contexte est simple : il s’agit de comprendre la formation de fines particules de suie lors de la combustion au sein d’un moteur ainsi que le phénomène de cliquetis (combustion anormale qui se caractérise par une auto-inflammation non contrôlée qui engendre des vibrations). Cela passe par une modélisation de la combustion qui implique l’étude de l’oxydation de toutes sortes de composés dont les alcènes, et l’isobutène est un des leurs. Il semble jouer un rôle clé, comme intermédiaire des réactions d’oxydation.
A haute température, c’est le tube à onde de choc qui est utilisé. Il s’agit d’un système permettant de générer une onde de choc dans le but de chauffer adiabatiquement un mélange gazeux. Pour réaliser cette onde, un tube en métal est séparé en deux parties par une membrane. D’un côté, un gaz ou un mélange gazeux à étudier à basse pression, de l’autre un gaz à haute pression. A la rupture de la membrane, une série d’ondes de compression se propagent dans le gaz basse pression, elles accélèrent et se rattrapent et aboutissent à une onde de choc.

Le choc conduit à une augmentation extrêmement rapide de la pression et de la température.
La manip. consiste donc à effectuer des « tirs » (ouverture d’une vanne permettant d’éclater la membrane) et à suivre l’évolution des profils de pression, prélever des échantillons à analyser. On en tire ensuite des délais d’auto-inflammation de différents mélanges ce qui permet de voir l’influence des composants dans un mélange.
Pour en savoir plus, voici un résumé plus technique.

Je vous parlerai de ma propre thèse un peu plus tard, en attendant, une petite photo de mes observations de l’époque : encore un subtil mélange de science et d’art !

Observation MEB d’un aérosol submicronique qui colmate un filtre !

 

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