Il y a 2 jours, c’était Darwin Day ! La raison en est que Charles Darwin est né le 12 février 1809. Le Darwin Day est donc une très belle occasion de pouvoir parler de ce grand homme et de découvrir de nouvelles anecdotes sur sa vie. L’an dernier, je vous en avais présenté quelques unes (à retrouver ici), suite à la lecture de cet excellent ouvrage de James T. Costa, “Darwin Backyard – How small experiments led to a big theory”, (paru en 2017).
J’ai replongé dans l’ouvrage cette année et c’est toujours aussi passionnant.
Saviez-vous que Darwin s’était énormément interrogé sur la dispersion des espèces et que pour comprendre le phénomène, il avait mené des tas d’expériences avec des graines ? Ben oui, finalement quand on y réfléchit, c’est assez logique de se poser cette question pour répondre à celle relative à l’Origine des Espèces.
Ses questions
En fait, son célèbre voyage à bord du Beagle lui avait permis d’observer et de recenser quelle faune et quelle flore était présente sur les îles et continents visités aux quatre coins de la planète. Il avait noté pas mal de diversité au sein des espèces et s’était rendu compte que de nombreux points communs existaient entre des espèces pourtant éloignées géographiquement. Il a donc cherché à comprendre pourquoi il en était ainsi et a choisi de s’attaquer au règne végétal en réalisant des tas de petites expériences.
Son idée était celle d’une seule origine en un lieu géographique donné pour une espèce et une dispersion spatiale permettant de coloniser d’autres milieux. Mais comment opérait la dispersion ? Le point bloquant pour Darwin, c’était la présence de barrières géographiques infranchissables telles qu’une chaîne de montagne ou une mer. Ainsi malgré la grande distance qui séparait deux îles, elles pouvaient pourtant être colonisées par les mêmes espèces.
D’autres avaient réfléchi avant lui sur cette histoire de dispersion et l’expliquaient par le biais des modifications climatiques sur les longues périodes de temps, des changements impliquant des variations du niveau de la mer. Il y avait aussi d’autres explications où les mouvements de terrains liés à ceux des plaques tectoniques jouaient un rôle. Darwin n’était pas convaincu. Pour lui, la dispersion se faisait (aussi) par d’autres voies, plus efficaces !
Ses expériences
Il a alors cherché à prouver que les graines de certaines plantes voyagent sur de longues distances par la voie des océans en flottant. Puis, après un long séjour dans l’eau salée, il devait montrer qu’elles peuvent encore germer ailleurs, éloignées de plusieurs milliers de kilomètres de leur point de départ.
Il lui a fallu beaucoup de ténacité et de créativité, utiliser de nombreuses ressources pour tester ses hypothèses. Il a donc mis au point un protocole expérimental et lancé des tas d’essais en enfermant des tas de graines de toutes espèces dans des bouteilles remplies d’eau salée et soumises à des conditions extérieures variables (ensoleillement, température …).
Force est de constater que peu de graines flottent quelques temps mais pas suffisamment longtemps pour expliquer la dispersion longue distance… Mais il ne s’est pas laissé abattre car il a pu démontrer que lorsqu’elles sont séchées, elles flottent plus longtemps (jusqu’à plus d’une centaine de jours). Pour aller encore plus loin, il s’est intéressé au contenu de l’estomac des poissons : certains mangeraient des graines qui flottent… Des oiseaux qui se nourrissent de poissons peuvent alors disperser les graines encore plus loin.
Darwin va même jusqu’à se rapprocher d’un zoologiste pour vérifier que les graines trouvées dans les déjections de chouettes gardaient leur pouvoir germinatif !
Bref, ce qu’il faut souligner ici quand même le bel exemple donné par Darwin et son fabuleux esprit scientifique. Faire, refaire, comparer, se décourager puis y retourner, imaginer, tester, fouiller, se remettre en question, écouter, avancer… Bref, confronter ses hypothèses avec la réalité, les contradicteurs et accumuler des preuves avant de se lancer dans la publication, divulguer ses résultats au grand jour et asseoir sa crédibilité !
Références :
– James T Costa « Darwin’s Backyard » W. W. Norton & Company, 2017- James T. Costa
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