Je termine ici ma courte revue de presse du dernier numéro de Science (sorti le 10 avril 2020). La première partie que vous trouverez ICI tournait autour de la protection de la Nature…
Ce deuxième volet est consacré à notre protection : l’Homme affronte le SARs-CoV2 et la lutte n’est pas si simple !
Plusieurs articles de ce numéro de Science abordent la question, notamment au sujet de sa transmission (nous en avions déjà parlé un peu dans ce précédent billet).
La question de la transmission aux animaux
Nombreux sont ceux qui s’interrogent : les animaux peuvent-ils être touchés par le Covid-19 ? Il semble bien que oui puisque Nadia, un tigre de Malaisie femelle âgé de 4 ans d’un zoo américain new-yorkais présente des signes et a été testé positif à la maladie. Les autres gros félidés sont vraisemblablement aussi porteurs car manifestent des difficultés respiratoires. C’est un soigneur qui les aurait contaminés !
L’article mentionne néanmoins qu’il n’existe à l’heure actuelle, aucune preuve que les animaux d’élevage ou de compagnie puissent transmettre à l’Homme.
La transmission, oui mais comment ?
Beaucoup de questions et de positionnements par rapport aux modes de transmission du virus. J’ai un peu l’impression que c’est le flou. Pendant longtemps, on a estimé que le virus ne se transmettait que sur de courtes distances via des gouttelettes émises en cas de toux, d’éternuements ou de postillons qui peuvent contaminer des surfaces qui sont ensuite touchées.
Un scientifique du domaine de la chimie atmosphérique a relancé le débat puisqu’il estime que le virus peut rester en suspension dans l’air en étant accroché à des particules ultra-fines (aérosols de taille inférieure à 5 µm) ; il peut voyager sur de longues distances porté par les courants d’air et sans sédimenter. Il est donc probable qu’une personne malade risque transmettre la maladie rien qu’en expirant. Le National Academy of Sciences (NAS) confirme cette possibilité.
Une publication parue en mars dans New England Journal of Medicine a effectivement montré que le virus pouvait rester en suspension pendant 3h et garder son potentiel infectieux. Selon le MIT cela pourrait expliquer la diffusion rapide du virus. Mais la question n’est cependant pas tranchée…
La désinfection des sols
Ce numéro de Science aborde aussi la question de la désinfection des sols que certains quartiers ou villes pratiquent allègrement. Mais cela n’est pas sans conséquences. Ce sont en général des désinfectants chlorés (dont l’eau de javel, solution d’hypochlorite de sodium) qui risquent fort de se retrouver dans les eaux d’égout et plus en aval au niveau des stations de traitement : en général les systèmes reposent sur des traitements biologiques, qui seront alors mis à mal par de trop fortes teneurs en composés chlorés. De plus les effluents indirects pourraient se retrouver dans les rivières et impacter les éco-systèmes.
Le désinfectant chloré a deux effets sur les organismes vivants :
– un impact direct sur les cellules : en oxydant les protéines de leurs parois,
– un impact plus indirect : les molécules chlorées s’associent rapidement avec d’autres espèces et forment des produits toxiques dont les chloramines ou les trihalométhanes (THM) qui peuvent se retrouver dans l’eau potable. Ce sont deux produits toxiques voire carcinogènes lorsque les concentrations dépassent un certain seuil !
Méfiance donc, ce qui détruit le virus d’un côté peut conduire à des effets terribles de l’autre pour nos écosystèmes et notre propre santé.
Les pouvoirs publics doivent être sensibilités à ces impacts.
Références :
Robert F. Service, « NAS letter suggests ‘normal breathing’ can expel coronavirus », Science 10 Apr 2020: Vol. 368, Issue 6487, pp. 119
Zhang. et al., « Disinfection threatens aquatic ecosystems », Science
10 Apr 2020: Vol. 368, Issue 6487, pp. 146-147
« News at a glance – Tiger tests positive for virus », Science
10 Apr 2020: Vol. 368, Issue 6487, pp. 114-115
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