La Fête de la Science est toujours un rendez-vous incontournable pour qui aime plonger dans le monde des recherches et de l’innovation (les années précédentes, je vous en parlais ici là et encore là et enfin là)
Cette année, à Lille, du 11 au 14 Octobre, une manifestation organisée par la Communauté d’Universités et d’Etablissements Lille Nord de France (ComUE LNF) s’est déroulée à la Gare Saint-Sauveur.
Fidèles au poste, chercheurs des laboratoires et unités de recherches, d’établissements d’Enseignement Supérieur, d’Organismes de recherche, animateurs, vulgarisateurs de tous horizons se sont donnés rendez-vous pour faire découvrir les sciences sous un aspect ludique, pédagogique et artistique. La thématique retenue était « l’erreur », pas toujours délétère, bien au contraire !
Alors bien avant de m’approcher des ateliers, des stands, j’aime regarder, tout simplement… Il y a toujours quelque beau poster à admirer, des observations au MEB ou via d’autres techniques de précisions qui donne un accès assez incroyable au plus profond de la matière (vivante ou non vivante).
J’en retiens deux, car il faut bien faire un choix : la suie et les neurones.
La suie, ce sont essentiellement des particules très fines de carbone issues d’une combustion incomplète (on parle de PM2,5 – particulate matter de diamètre inférieur à 2,5 µm) donc en provenance du trafic, de l’industrie, des feux de bois ou même de la vie domestique (utilisation de foyers ou de poêles).
Le cliché en microscopie électronique nous montre la fine porosité qui caractérise ces particules : un milieu propice pour l’adsorption d’autres espèces chimiques (hydrocarbures, espèces minérales). Rappelons que les particules de suie (noires) absorbent fortement la lumière solaire et contribuent de façon non négligeable au réchauffement terrestre.
Passons au vivant…
Des clichés de neurones me fascinent toujours. De telle observations permettent d’appréhender la diversité des jonctions avec les autres cellules, l’organisation fonctionnelle, la plasticité, et les dérives en cas de maladie.
Les neurones dopaminergiques génèrent de la dopamine, au rôle crucial dans la coordination des mouvements, mais aussi dans la cognition. Etudier leur sensibilité à certaines contraintes de leur environnement, leur dégénérescence est capital pour comprendre la maladie de Parkinson (lié en un déficit en dopamine).
Justement, le centre de recherche d’excellence Licend centré sur les maladies neurodégénératives et unissant les compétences des chercheurs du CHU de Lille, l’Institut Pasteur, Université de Lille, de l’Inserm, du CNRS a présenté quelques travaux liés à la maladie de Parkinson (UMR 1171).
On peut découvrir sur le stand de l’UMR8199 (Génomique Intégrative et modélisation des maladies métaboliques) les erreurs dans le domaine de la génétique. Certains gènes, lors de la division des cellules, se trouvent modifiés. Certaines erreurs de « recopie » passent inaperçues ou apportent simplement de la variété au sein d’une espèce, d’autres modifient fortement les caractéristiques physiques d’un individu (son phénotype) jusqu’à devenir des « anomalies ».
Sur le stand de l’UGSF consacré à la glycobiologie (chercheurs de l’université de Lille 1 et CNRS (UMR 8576)), on retrouve toujours pas mal de jeux pédagogiques pour montrer aux jeunes (ou aux moins jeunes) comment réfléchir et raisonner. Mais surtout, les fonctions biologiques sont superbement illustrées par des maquettes en meccano spécialement conçues pour l’occasion…
Ainsi, savez-vous ce qui se passe lorsqu’un brin d’ADN est cassé ? Ce sont des choses qui arrivent (les UV peuvent provoquer la cassure par exemple) et cela génère une « erreur » et il faut la détecter et la corriger. Donc si les choses se passent bien, toute une série de mécanismes se met en place pour réparer. Des protéines s’arrêtent et se lient à la partie simple brin de l’ADN : c’est le cas des protéines RPA (Protéine de réplication A) qui vont en recruter d’autres (ATRIP / ATR), des sortes de médiateurs qui, à leur tour, font intervenir des effecteurs (tels que Chk1 ou p53) qui vont soit déclencher la mort cellulaire soit l’arrêt du cycle cellulaire.
Il y avait, là aussi, de belles photos colorées… de maïs arc-en-ciel.
Et puis, éloignons nous un peu du domaine de la biologie pour évoquer une thématique liées aux activités humaines : la pollution de l’eau. Afin d’assurer le suivi de la qualité de l’eau comme l’impose la Directive Européenne DCE (Directive cadre sur l’eau), des indicateurs de qualité ont été définis. Un atelier est présenté par le LASIR (LAboratoire de Spectrochimie Infrarouge et Raman) en collaboration avec l’Université de Lille et l’Agence de l’Eau Artois Picardie et une super maquette !
Comment mesurer de façon la plus fiable et la représentative possibles, les différents paramètres clés attestant de la qualité d’une eau (suivi des métaux, des molécules issues des pesticides, des hydrocarbures, des bactéries…), sachant que certains polluants sont présents à l’état de trace ? Comment détecter un épisode de pollution avec le minimum d’erreur ?
L’équipe sensibilise sur les différents outils possibles et les erreurs commises selon la méthodologie utilisée. On évoque alors la question de la représentativité de prélèvements ponctuels (avec calcul de moyennes), les échantillonneurs passifs capables de concentrer sur un media, sur une certain durée, des polluants (méthode intégrative) et les stations de monitoring (avec mesure haute fréquence).
Voilà je m’arrête là pour ce petit clin d’œil à la fête de la Science, à la Gare Saint Sauveur ! A l’année prochaine !