Sur ce blog même, il y a quelques temps déjà, une série d’articles consacrés à l’allaitement maternel a démarré (voir ICI et LA).
Comme nous l’avons présenté dans le volet précédent, le lait maternel est l’aliment le mieux adapté à la capacité d’assimilation du petit d’homme et ce, dès sa naissance. Mais ses avantages ne s’arrêtent pas là car de nombreuses études viennent chaque jour, apporter de nouveaux éléments sur ses nombreuses qualités. En effet, le lait maternel n’est pas qu’une nourriture, c’est également une source de réconfort qui procure un effet apaisant en cas de douleur (en particulier liée à une vaccination ou à une ponction veineuse). Cet effet a pu être mesuré quantitativement via quelques études.
Aujourd’hui, nous nous proposons de présenter les résultats de plusieurs d’entre elles datant de 2004, 2009 et 2010. Ce billet s’inscrit dans le cadre d’une participation aux rendez-vous hebdomadaires des Vendredis Intellos, blog collectif qui nous propose des sujets de réflexion sur le thème de la maternité, la petite enfance, l’éducation…j’y ai été invitée afin d’apporter quelques éclaircissements face aux interrogations de la prise en charge de la douleur via l’allaitement (ICI)
L’étude de 2004 [1], a mis en jeu 81 nouveaux nés de New-Dehli (âgés au maximum de 4 semaines) devant subir une ponction veineuse en vue d’une analyse sanguine. Parmi ces bébés, 50 % ont reçu 5 ml de lait maternel exprimé (quelques minutes avant la piqûre) tandis que le reste du groupe n’a reçu qu’un placébo. L’expérience s’est faite en double aveugle. Il s’est avéré que la durée moyenne des pleurs était significativement plus faible dans le premier groupe que dans celui ayant reçu un placébo (valeurs médianes respectivement de 38 s et 90 s).
Des différences significatives ont également été notées au niveau du rythme cardiaque et de la saturation en oxygène des enfants : paramètres qui d’une part ont été beaucoup moins modifiés lors de l’intervention et d’autre part sont revenus plus rapidement à leur niveau initial.
L’étude de 2009 [2] a été réalisée sur deux maternités (ou cendres de soins de la petite enfance) à Philadelphie. Deux groupes de 60 enfants ont été vaccinés et leur comportement et réactions lors de l’injection ont été observés. Les enfants du 1er groupe sont restés en contact « peau à peau » avec leur mère et étaient allaités pendant la vaccination. Les conditions de vaccination pour le second groupe correspondaient au protocole classique en place dans la maternité ou le centre de soins (donc sans allaitement et sans contact proche). Les conclusions de l’étude ont révélé que la durée des pleurs ainsi que le rythme cardiaque étaient significativement plus faibles (pendant l’injection et juste après) dans le groupe d’étude que dans le groupe témoin.
Dans cette seconde étude, le type de pleurs a également été étudié comme indicateur de la douleur (distinction entre « pleur de cri », « pleur isolé » et « pleur de fin »). Il s’est avéré que le temps passé en « pleur de cri » (associé au maximum d’intensité de la douleur) était de 17% en moyenne pour les enfants du groupe d’étude contre 65% dans le groupe témoin. Les auteurs concluent sur le rôle analgésique de l’allaitement en peau à peau.
L’étude parue en 2010 [3] dans le Journal « Pediatrics » montre l’impact de l’allaitement sur le risque de fièvre post-vaccination, un des effets indésirables les plus fréquents induits par la vaccination. L’étude a porté sur l’observation de 450 enfants, tous en bonne santé et n’ayant pas présenté de fièvre pendant la semaine précédent la vaccination. La fièvre a été définie comme une température supérieure à 38 °C. Le bilan de cette observation est que 53% des enfants non allaités ont présenté une fièvre dans les 3 jours, contre 25% des enfants exclusivement allaités. Les auteurs expliquent ce résultat par des facteurs anti-inflammatoires présents dans le lait maternel.
Pourquoi les résultats de ces études sur l’impact de l’allaitement sur la douleur et l’inconfort du nourrisson sont elles importantes? Parce que la réduction de la douleur dans les pratiques des soins infirmiers reste une priorité, notamment chez le tout-petit et que des études ont montré que nombre d’enfants gardaient en mémoire tout acte douloureux et stressant ce qui conditionnait leurs réactions lors d’interventions futures. De plus, il est facile et pratique de favoriser cette interaction mère enfant (contact et allaitement) pendant des soins infirmiers afin de réduire douleur et stress.
En conclusion, les chiffres présentés par le biais de ces 3 études parlent d’eux-mêmes : le lait maternel procure bel et bien un effet apaisant en cas de douleur de l’enfant. Néanmoins, les auteurs reconnaissent que peu de choses sont connues sur les mécanismes mis en jeu. Attendons patiemment de nouvelles études qui ne tarderont pas à arriver. Comptez sur moi pour être vigilante.
Pour en savoir plus
[1] Upadhyay A. et al., Acta Paediatr., 2004, April, 93(4), « Analgesic effect of expressed breast milk in procedural pain in term neonates : a randomized, placebo-controlled, double-blind trial
[2] Razek A A., El-Dein, N., International Journal of Nursing Practice, 2009; 15, “ Effect of breast-feeding on pain relief during infant immunization injections”
[3] Pisacane A., Continisio P., Palma O., et al., Pediatrics, 2010 ; 125 (6), « Breastfeeding and risk for fever after immunization »
LEs dossiers de l’allaitement, revue de LLL France pour les professionnels de santé, N°87 Avril Mai Juin 2011
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