Une Nature retrouvée…

Les longs mois d’hiver nous offrent de magnifiques spectacles… et les balades en campagne sont, malgré les températures, toujours très agréables.

Mais quelle joie de retrouver les premiers rayons de soleil qui subliment toute la richesse de la Nature : ses couleurs, ses habitants, ses odeurs, les balades et les découvertes.
Avril a à peine ouvert les yeux, que me voilà partie sur les chemins de la connaissance parce que toute rencontre suscite questionnements et recherche d’informations complémentaires.

Alors dès que le soleil darde ses rayons, de jolis papillons sont de sortie (famille de lépidoptères – « ailes recouverte d’écailles »). Ils sont particulièrement friands de chaleur. Voici le papillon Aglais io (ou « paon du jour », très commun mais aux sublimes couleurs).

Papillon « Paon du jour »

J’observe que le papillon reste calme et passif, comme s’il prenait un « bain de soleil », mais s’envole dès que mon ombre l’atteint. Ce n’est pas qu’une impression. Des études se sont intéressées de près à l’effet des conditions météo. sur l’activité des papillons. Ils sont sensibles au vent, à la température mais surtout à l’ensoleillement. En effet, la plupart des papillons doivent acquérir une certaine température pour pouvoir voler. Ils accumulent de la chaleur en « se prélassant au soleil » et la présence de nuages, même si la température est correcte, affecte souvent leur activité : bref, il leur faut du rayonnement pour se chauffer ! Une étude menée en Suède [1], a montré que le nombre de papillons, durant un épisode d’observation, diminuait de façon drastique .en dessous de 19°C si la durée d’ensoleillement était inférieure à 85% (sur la durée totale de l’observation).

J’ai croisé aussi celui-ci sur ma route : un superbe papillon aux ailes découpées. Il s’agit sûrement d’un « Robert-le-Diable » (Polygonia c-album), une espèce commune qu’on voit apparaître très tôt au mois de mars (comme le Paon du jour d’ailleurs). Son aire de répartition remonte depuis plusieurs dizaines d’années très au Nord (jusqu’au Nord de l’Angleterre) ce qui semble associé à un changement des zones de présence de leurs plantes hôtes (cela est lié au réchauffement climatique).

Puis les fleurs… grandes, larges, accueillantes pour les insectes pollinisateurs, celles du magnolia (famille des magnoliacées)…

Puis dans la campagne, on découvre des chemins qui nous plongent en plein cœur de la nature.

De quoi dénicher de jolies fleurs, plus discrètes… celles du lierre terrestre (Glechoma hederacea) de la famille des lamiacées… dont fait aussi partie la menthe, d’ailleurs l’odeur aromatique n’est pas très loin. C’est aussi l’une des premières fleurs de l’année. Ses qualités médicinales sont connues depuis au moins la Grèce ancienne : elle est parfois utilisée comme diurétique.

Puis les arbres nous réservent quelques surprises… des trous et des cavités dans les troncs, une aubaine pour de nombreuses espèces qui peuvent y trouver refuge.

Puis un petit tour du côté du Relais Nature à Santes, pour admirer le coton duveteux contenant les graines des massettes à larges feuilles (Typha latifolia) au bord de l’eau.


A l’intérieur, on y découvre la première expo. de la saison, dédiée au biomimétisme, un sujet que j’apprécie beaucoup (nous en avions parlé ici dans « Inspiration Nature, le modèle comme vivant« ).

Là, je découvre une chouette plante : la Salvinia molesta… Il semblerait que cette plante aquatique (invasive au demeurant) piège une couche d’air à sa surface qui la rend « super-hydrophobe ». La raison en est une structure microscopique très hiérarchisée avec une forte densité de protubérances (poils munis de crochets) à échelle « microscopique ».

Salvinia molesta et sa surface observée au microscope.  Source [2]

Et si on s’inspirait de cette structure pour mettre au point des revêtements pour les coques de bateau ? Emprisonner une couche d’air à la surface des coques permettrait de réduire notablement les forces de trainée contre l’eau jusqu’à 55 % selon certains calculs. Dans le domaine des transports, c’est un gain énorme car un fort pourcentage de l’énergie consommée (jusqu’à 80%) pour la propulsion des navires est utilisé pour contrer les forces de traînée. Dans un contexte de lutte contre le réchauffement climatique et d’économies d’énergie, c’est une formidable aubaine pour réduire la consommation de carburants des transports maritime. 

Une couche d’air est emprisonnée [2]


Non loin de là, tout près de chez moi, dans les champs, les tracteurs s’activent déjà. Nous reparlerons « Tracteurs, mécanisation et travaux des champs » dans un très prochain article !

Références

1- Linnea Wikstroem, Per Milberg and Karl-Olof Bergman, « Monitoring of butterflies in seminatural grasslands: diurnal variation and weather effects », Journal of Insect Conservation, (13), 2, 203-211, 2009.

2- Air layers under water on the fern Salvinia – Stability and biomimetic applications, Thèse de doctorat, Matthias Mayer, 2013

3- Barthlott, W., Mail, M., & C. Neinhuis, « Superhydrophobic hierarchically structured surfaces in biology: evolution, structural principles and biomimetic applications ». Phil. Trans. R. Soc. A 374.2073 DOI:10.1098/rsta.2016.0191, 2016

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