Mes dernières vacances se sont déroulées dans la vallée de la Loire et ses merveilleux châteaux de La Renaissance (quoique d’autres styles y sont bien présents) méritent le coup d’œil. Nous y reviendrons…
L’une de mes premières visites fut pour le château de Clos Lucé à Amboise ce qui m’a permis d’appréhender l’esprit et le talent de Léonard de Vinci (parce qu j’en connaissais bien peu). J’irai même plus loin : cette visite permet de se fondre dans son univers et ça fait un bien fou. Moi qui suis curieuse de tout (un point commun, le seul, avec l’occupant des lieux), j’avoue que là, tous mes centres d’intérêts ont été émoustillés : les lieux stimulent les neurones des amateurs de sciences !
Difficile de définir ce grand nom par quelques mots et de retranscrire l’atmosphère rendue par cette visite autour du Génie qui stupéfiait déjà ses contemporains de par l’immensité de ses ressources intellectuelles… Il a œuvré dans tellement de domaines et d’une façon si époustouflante ! Bien sûr c’est la célèbrissime Joconde connue de tous qui vient à l’esprit dès qu’on parle de Leonardo… Mais c’est surtout, la diversité de toutes ses autres préoccupations à caractère scientifique qui nous intéresse ici … je crois que pas un seul domaine des Sciences n’a été épargné : il a pratiquement tout touché, étudié, creusé, décortiqué car le grand homme était avide de connaissances et ce, jusqu’aux derniers instants.
Bref, Le Clos Lucé est l’endroit idéal pour plonger dans l’univers du peintre, sculpteur, philosophe, architecte, botaniste, ingénieur… où un magnifique hommage lui est rendu : tout y respire Vinci, son esprit, ses passions. Il fallait absolument transmettre tout cela et c’est réussi. Alors vous me suivez pour un bref aperçu ?
La demeure pour ses trois dernières années
Le château, ancienne résidence de plaisance des rois de France est en briques roses et pierres de tuffeau (un classique de la région).
On découvre ici sur la droite la galerie issue de la transformation du chemin de ronde et la tour de guet (seul vestige du château fortifié de l’époque médiévale) qui abrite un escalier par lequel se fait l’entrée de la visite.
C’est grâce à François Ier qui invite le célèbre peintre à Amboise, que nous devons la présence de Leonardo sur le sol français à partir de 1516. Le roi admire ses talents, son ingéniosité et son intelligence hors du commun. Il faut dire qu’avec sa sœur Marguerite de Navarre, ils apprécient beaucoup de recevoir peintres, architectes, poètes et la présence de l’artiste permettra de continuer à insuffler l’esprit de la Renaissance autour d’eux.
Du premier étage, au niveau de la galerie, on peut admirer les Jardins Renaissance où des parterres géométriques accueillent le visiteur qui déambule entre les buis, roses, ifs, pins, cyprès et le bassin central.
Magique de découvrir la chambre du Maître et ce merveilleux lit à baldaquin !
ou encore mieux son atelier comme s’il venait de le quitter : là où il étudie, note, lit pour ses études à caractère scientifique.
Son atelier de peintre avec ses œuvres majeures (reproductions – Originaux au Musée du Louvre), son chevalet et ses accessoires ainsi que sa table de préparation de couleurs ses pigments.
Cap sur son cabinet de travail : ouvrages, manuscrits, instruments de mesures… et son cabinet de curiosités.
Bien d’autres choses à visiter au Clos Lucé : la cuisine, la grande salle Renaissance, la chambre de Marguerite de Navarre … et pour la salle des maquettes rendez-vous en fin d’article.
Léonard de Vinci, l’homme de Sciences
On s’imagine en général que des passions appartenant à des domaines si distincts que sont l’activité artistique d’un côté et les sciences de l’autre sont incompatibles. Mais finalement, quand on y réfléchit bien, on comprend la logique. Pour L. de Vinci, ce sont les deux facettes d’une même volonté de percevoir le monde avec la plus grande vérité » Art et Science, les deux sont indissociables ». Effectivement, Vinci ne voit la peinture et la représentation du monde qu’avec une volonté d’atteindre la perfection et pour cela, observer les moindres détails est la clé de la réussite. Il ne se lassera pas de chercher à expliquer, à comprendre les détails de toute chose, de tout être de façon à parfaitement intégrer les mécanismes sous-jacents.
C’est bien un esprit scientifique qui habite Léonard. Il aime se cultiver en lisant énormément les travaux de l’Antiquité (pour y parvenir, il démarre même l’apprentissage du latin à 40 ans). Mais tout cela est complété par une grande rigueur scientifique reposant sur l’observation, l’analyse, l’expérience, la déduction. Il étudie et s’interroge sans répit et ne tolère pas l’approximatif. Il cherchera toute sa vie à acquérir le maximum de connaissances, ce qui constitue une base sur laquelle s’appuyer pour aborder un sujet nouveau. Il n’a de cesse d’observer et mémoriser tout ce qui l’entoure et notamment la nature (des bouts de roches, des coquillages…). Tout cela lui permet de parvenir aux conclusions les plus stupéfiantes.
Tout ce qu’il observe et comprend, ses réflexions, ses pensées, ses idées, ses projets avec schémas et dessins sont soigneusement consignés dans des carnets de notes qu’il emporte partout avec lui (il y note aussi des choses plus personnelles d’ailleurs). C’est une pratique qu’il a adoptée depuis ses 30 ans tout en utilisant l’écriture inversée.
Concrètement, qu’en est-il vraiment de ces travaux ? Que contiennent ces carnets ?
Quelques uns de ses travaux
Le château de Clos Lucé offre aux visiteurs une fabuleuse possibilité de plonger dans quelques uns des travaux de notre grand homme ; les carnets d’abord en disent long et certains des schémas sont agrandis et présentés sur des panneaux. Mais on va encore plus loin : le sous-sol est constitué de plusieurs salles garnies de maquettes construites à partir des plans d’inventions précisément décrits dans les carnets, et les jardins offrent également des maquettes à manipuler.
A quoi s’intéresse donc Léonard de Vinci ? A tout ou presque car visiblement tout l’attire.
La biologie et l’anatomie
Pour peindre de façon la plus réaliste possible lorsque comme lui, on vise la perfection et l’universalité, le peintre s’oblige à un approfondissement sur l’anatomie : il étudie donc les détails sur les tendons du cou, le relief des côtes, l’aspect et le fonctionnement des muscles et des articulations. Pour cela, il a pratiqué des autopsies et entrepris des recherches sur divers animaux. Il est gagné par la fièvre de la découverte (le moment Eurêka !).
Il s’est également intéressé au développement du fœtus et de l’embryon, ce sujet semble être primordial car c’est la clé de la poussée de la vie.
La description de l’anatomie lui permet aussi de satisfaire (en partie), sa fascination pour le vol des oiseaux : comment ils planent, s’élèvent et battent des ailes. Toute la mécanique du vol est alors précisément décrite dans ses carnets : une bonne base pour la création de ses fameuses machines volantes.
La physique dans toutes ses déclinaisons
Sa recherche d’une observation la plus détaillée doublée de sa passion pour l’anatomie le pousse à s’intéresser au fonctionnement de l’œil, aux mécanismes de la vision ce qui l’amène naturellement à se pencher sur la lumière : sa nature, sa propagation, ses interactions avec la matière… Il pressent la nature ondulatoire de la lumière, par analogie aux cercles concentriques laissés par un caillou lancé dans l’eau… puis comprend mieux la propagation des sons, les mouvements dans l’eau et les mouvements tout court (mécanique).
Il est également féru d’astronomie, de géologie (grâce à ses multiples observations de roches, de sols…), de mécanique des fluides, géographie… et s’intéresse aux mathématiques (géométrie et analyse) qui lui apparaissent indispensables pour mener à bien sa quête.
Pour les sciences plus appliquées, ses projets de sculptures (un cheval de Bronze commandé par le duc de Milan) lui donnent matière à réflexion et le voilà lancé dans l’étude de la métallurgie (quels alliages, quelles recettes,…). Il s’investit aussi beaucoup dans les sciences de l’architecture et du génie civil.
Il consacre également beaucoup de temps aux inventions militaires et se passionne pour les problèmes techniques.
Mais ce sont surtout ses machines qui émerveillent, notamment dans le cadre de ses travaux d’ingénieur militaire ou ses études techniques dans le domaine de l’hydraulique ou sa conception d’appareils de mesure.
Les machines
La liste des machines présentées est longue : voici simplement quelques exemples.
La vis d’Archimède permet de puiser et remonter de l’eau vers un point plus élevé. Léonard de Vinci a travaillé sur la base des découvertes d’Archimède en cherchant à en améliorer le principe.
Le char d’assaut (une maquette, et une vidéo explicative sont présentées) est inventé par L. de Vinci pour permettre d’avancer sous l’attaque de l’ennemi.
Les différents ponts
Toujours à des fins militaires, il invente de nombreux ponts, solides et légers, faciles à transporter : ponts suspendus, ponts tournants…
La vis aérienne est un must de la visite. Fort de ses observations du vol oiseaux, de ses études de la vis d’Archimède, le grand homme développe un concept de machine volante équipée d’une hélice conçue dans un matériau adéquat (toile de lin engluée d’amidon). Mais la force musculaire est d’énergie trop faible pour faire décoller l’engin qui sera néanmoins considéré comme le précurseur de l’hélicoptère.
Ainsi s’achève ce bref aperçu de l’oeuvre de Léonard de Vinci et du magnifique hommage rendu par l’actuel Château du Clos Lucé. La visite mérite vraiment le détour : impossible de traduire l’atmosphère qui s’en dégage !
NB : Certains détails de la vie de Léonard m’ont été fournis par l’ouvrage cité en référence.
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Référence :
Serge Bramly – « Léonard de Vinci » – Editions Le Livre de Poche. 1996
3 comments for “Plongée dans l’univers de Vinci”