Aujourd’hui, nous commémorons le Centenaire de l’Armistice de la 1e Guerre Mondiale, un moment fort dont tout le monde parle.
La région où je vis a été particulièrement marquée par les batailles (relire cet article) et l’occupation. Il nous reste quelques traces visibles de cette période douloureuse. Je vous en avais parlé dans ce précédent article.
Bref, je vous propose un article court qui met en lumière les challenges auxquels la médecine a dû faire face pour tenter de sauver la vie d’un maximum de soldats blessés et/ou de limiter les séquelles de leurs blessures.
Cette guerre est terrible et destructrice : les armes sont puissantes (obus, mitrailleuses, grenades, gaz de combat) et leurs effets directs ou indirects sur les soldats touchés sont incroyablement ravageurs, mutilants. Les traumatismes qui touchent les différentes parties du corps (et les esprits aussi) confrontent les médecins, chirurgiens, soignants à des situations terrifiantes d’autant plus que les moyens de l’époque n’étaient pas tels qu’on les connait aujourd’hui.
La puissance des armes est telle que les chairs et les os se trouvent broyés… Les éclats de grenades s’insèrent profondément dans les corps. Les opérations sont nécessaires mais malheureusement, les amputations sont nombreuses, non seulement à cause de la nature des blessures mais également des infections qui se développent, d’autant plus que les délais d’évacuation sont lents. La gangrène menace.
Ces amputations stimulent la mise au point de prothèses, pour que les soldats puissent retrouver une vie plus normale, autant que possible.
La tête étant la partie la plus vulnérable, les plaies au visage sont également particulièrement répandues et destructrices : les gens ressortent vivants mais sont défigurés. En 1918, de nombreux centres sont mis en place sur le territoire français et les chirurgiens doivent apprendre à restaurer les visages, autant pour permettre aux victimes de retrouver des fonctions normales (la mastication par exemple) que pour rendre un aspect moins rebutant lié à une difformité. Ce sont alors des progrès spectaculaires qui sont accomplis dans le domaine de la chirurgie maxillo-faciale, les greffes ostéopériostiques (prélèvement au niveau de la face interne du tibia du blessé comme greffon pour la zone endommagée).
Mais les obus et les balles ont aussi pour conséquences des hémorragies et pendant cette guerre, les connaissances sont encore bien limitées dans le domaine de la transfusion sanguine (technique connue mais encore peu répandue) et même pour la conservation du sang. Pour transfuser sans risques, il faut bien sûr connaître le groupe sanguin et le rhésus.
Karl Landsteiner, médecin viennois, a découvert les différents groupes en 1901 (il a reçu le prix Nobel de médecine en 1930) : cette découverte a permis de sauver les vies en rendant les transfusions moins risquées mais la conservation du sang reste le principal challenge à surmonter.
Albert Hestin, scientifique belge, découvre une méthode pour mieux conserver le sang (environ 3 jours) en 1916. La substance qu’il ajoute est le citrate de sodium aux propriétés anti-coagulantes. Mais ce n’est que quelques années plus tard que d’autres découvertes rendront véritablement les transfusions plus sûres.
Mais ce n’est pas tout. Pour soigner les blessures à l’issue des combats, il vaut mieux anesthésier, notamment lors d’opérations chirurgicales ! Où en est-on à l’époque ?
Au début de la guerre, les connaissances dans le domaine de l’anesthésie sont balbutiantes et la seule technique employée est le masque d’Ombredanne (mis au point par Louis Ombrédanne, anatomiste et chirurgien français) avec l’emploi d’éther et de chloroforme.
En 1917, les américains introduisent en France, l’usage du protoxyde d’azote.
Ainsi, les progrès de la médecine ont été fortement stimulés par les défis auxquels les blessures de guerre ont exposé les soignants. En plus des connaissances dans le domaine de l’anesthésie, de la chirurgie, de la transfusion, rappelons aussi le rôle important de la vaccination qui en se généralisant, a permis de diminuer les morts par maladie infectieuse, de la mise au point de précautions et de protocoles pour limiter les risques de contamination (hygiénisation, postes de stérilisation dans les hôpitaux), ou encore du développement de différents moyens d’investigation (radiologie, analyses biochimiques).
Note :
Cet article m’a été inspiré par une visite à la Coupole de Wizernes