Le ciel est bleu chez vous ? Ici dans le Nord, OUI ! Parfait donc pour vous parler de l’exposition qui était présentée au Musée d’Histoire Naturelle de Lille jusqu’au 2 avril dernier. Une exposition entièrement conçue et réalisée par le Musée, avec le soutien financier de la MEL, de la DRAC Hauts de France et les Amis du Musée de Lille.
Le bleu est rare dans le monde animal (contrairement au monde végétal, je vous en parlais ici dans du « bleu chez les plantes sauvages« ). Peu d’animaux sont bleus. Alors forcément, quand on croise leur route, nous sommes séduits. Au sein des espèces qui la portent, cette couleur est également marquante et constitue d’ailleurs un moyen de reconnaissance entre individus de la même espèce.
Voici donc quelques morceaux choisis des animaux tout bleus ou presque.
Dans ce bel aquarium trônant au milieu de l’expo, on découvre le « Discus Blue Diamond » d’un bleu envoûtant. C’est un poisson tropical d’Amérique du Sud dont l’intensité de la couleur va dépendre de son état de santé et de son humeur ! C’est le phénomène d’iridescence comme chez les insectes tels que les scarabées ou le papillon « Morpho » (voir plus loin) qui explique la couleur changeante selon l’angle d’observation.
Toujours dans ce bel aquarium, découvrons une jolie écrevisse « bleue » répondant (ou pas) au doux nom de « Procambarus alleni« .
Alors elle doit sa couleur à l’interaction de deux protéines qui constituent deux pigments de sa carapace : l’astaxanthine (de couleur rouge) et la crustacyanine (de couleur bleue). Lorsque l’astaxanthine se lie à la crustacyanine (une question de proportion entre les deux protéines), c’est la couleur bleue qui l’emporte. Par contre, lorsque l’astaxanthine est libre (car en excès par rapport à l’autre pigment), c’est la couleur rouge-orangée qui s’exprime.
Alors, quittons le monde aquatique pour rejoindre les oiseaux aux plumages surprenants et non moins séduisants !
Voici trois magnifiques espèces, mis en avant grâce à l’exposition.
L’Eperonnier Napoléon est un faisan des Philippines, d’un plumage bleu-violet aux reflets métalliques.
Passons au Ara Hyacinthe, originaire d’Amérique du Sud qui se plait à vivre en forêt tropicale et fait l’objet de braconnage et sa population est en forte baisse d’ailleurs des programmes de protection ont été mis en place.
Voici le Rollier à longs brins. Son plumage est magnifique mais il n’est pas d’un bleu uniforme pour mieux se dissimuler de ses prédateurs.
Enfin quelques mots sur le « jardinier satiné » : le mâle passe beaucoup de temps à préparer un nid douillet accompagné d’une haie d’honneur pour attirer la femelle et le sol est souvent jonché d’objets bleus. C’est incroyable (si vous voulez en savoir plus, je vous invite à lire cet article).
Passons au monde des insectes…et le célèbre lépidoptère papillon Morpho, d’un bleu époustouflant.
Alors on en prend plein les mirettes… De ce fait, j’ai cherché à creuser un peu pour bien comprendre d’où venait la couleur.
Ce bleu est si intense qu’on a peine à croire qu’il n’est pas dû à un pigment mais s’explique par la structure physique de la surface des ailes. En effet, lorsque la lumière parvient sur un matériau qui présente une organisation géométrique à une échelle nanométrique, les différentes longueurs d’onde qui constituent la lumière vont réagir différemment en étant dispersées de façon particulière.
Autre caractéristique remarquable, la teinte change selon l’angle d’observation : c’est l’iridescence.
Grosso modo, les ailes sont composées d’écailles, elles-même formées de stries organisées en réseau (de l’ordre du micromètre), au sein desquelles des sous-structures (de l’ordre d’un centaine de nanomètres) s’organisent tel un empilement de couches qui réfléchissent, réfractent, et créent des interférences.
Lorsque, pour une certaine longueur d’onde donc une couleur, les interférences sont constructives, la couleur ressort. Et ici c’est la longueur d’onde correspondant au bleu qui est concernée par cet effet.
Voilà, l’expo. était bien plus riche et abordait aussi d’autres domaines tels que l’Art, les traditions populaires, la fabrication des pigments, bref de quoi satisfaire tout les curieux…
Bien adaptée à tous types de publics (jeunes et moins jeunes), elle a, je pense, remporté un beau succès. J’espère qu’il y en aura d’autres !
Référence complémentaire :
Serge Berthier, « Comment fait le gecko pour marcher au plafond ? A la découverte des nanostructures naturelles « , Belin, Pour la Science
D’autres animaux tout bleus ICI
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