Avant que l’hiver ne s’installe, lançons un dernier petit coup de projecteur sur cette belle saison qu’est l’Automne.
Courant octobre, j’ai profité de belles journées ensoleillées pour me balader dans la campagne environnante, admirer les magnifiques couleurs, dénicher des trésors cachés. Mais pour aller encore plus loin, je me suis arrêtée dans un « relais » dédié à la Nature, ses richesses et son fonctionnement. Retour sur cette instructive sortie !
Alors promenons-nous dans les bois, en tous cas, entre les arbres qui nous dessinent de jolies allées. Couleurs, odeurs, bruits des feuilles qui crissent sous nos pas. Nous nous trouvons ici à Santes, au sein du Parc de la Deûle, un espace de 400 ha qui s’étend sur 25 km de canal. C’est un lieu riche où le maître mot est « un écrin pour la biodiversité ». Grand Prix national du Paysage en 2006, Prix du paysage du Conseil de l’Europe en 2009, le Parc de la Deûle se situe au sud de la Métropole Lilloise (plus d’info ICI).
Alors on peut l’appréhender seul, au gré des promenades le long des sentiers et du canal ou dans les espaces avoisinants : c’est déjà un belle opportunité de découverte ou bien grâce au Relais Nature, un lieu dédié à la découverte plus approfondie de la biodiversité grâce à des expositions, des infographies, des jeux et installations interactives…
Promenade en extérieur
Nous nous trouvons ici sur les sentiers … le plaisir des senteurs, des couleurs !
Rappelons que les couleurs de l’automne s’expliquent par la présence (ou l’absence) de pigments bien spécifiques.
Le vert est bien sûr lié à la présence de chlorophylle, une famille de molécules dont la forme est un gros motif carré avec, en son centre, un atome de magnésium*. Oui mais le vert disparaît à l’arrivée de l’automne à cause des températures plus basses (surtout la nuit) qui favorisent la destruction de la chlorophylle (et empêche le renouvellement chlorophyllien).
Alors, on voir apparaître d’autres pigments comme ceux de la famille des carotènes… plus stable qui réfléchissent la lumière jaune.
Mais le jaune ce sont aussi, les flavones.
Les rouges, les pourpres, et leur combinaisons qui caractérisent aussi le feuillage d’automne proviennent d’une autre famille de pigments : les anthocyanes dont nous avions parlé dans un autre billet sur une balade en campagne.
Le point commun entre tous ces pigments, c’est qu’il s’agit de longues molécules avec une alternance de liaisons simples et liaisons doubles (des liaisons conjuguées en nombre suffisant) qui favorise l’absorption de la lumière mais avec une énergie bien précise.
Plus la chaîne de liaisons alternées est longue, plus la couleur se décale vers les rouges.
Quittons le domaine de la chimie et revenons à nos découvertes.
Dans un recoin, au creux d’un arbre, sur de la mousse ou entre les hautes herbes, on peut admirer quelques curiosités champignonesques.
Alors, vraisemblablement, nous nous trouvons en face de deux espèces : celui sur le sommet est de type « lactaire » tel que le lactaire tranquille (Lactarius quietus), assez commun dans les forêts. Son chapeau est concave et il produit une substance qui ressemble à du lait, comme son nom vernaculaire l’indique.
Ce fluide laiteux porte aussi le nom de latex et est un moyen de défense de la plante ou ici du champignon (parce que les champignons ne sont pas des plantes ! Merci au collègé du Café des Sciences, SSAFT). Le liquide coagule lors d’une agression physique et colmate la brèche.
Enfin, fait important : tous les laiteux contiennent plusieurs molécules intéressantes, bioactives (propriétés antioxydantes) pouvant être isolées pour la fabrication de médicaments [2].
Les autres sont un peu moins sympathiques car ils sont parasites, et phytopathogènes. Voici, à priori, l’Armillaire couleur miel (Armillaria mellea)…
Un peu plus loin sur le chemin de ma balade, quelle ne fut pas ma surprise de tomber sur un truc pas très joli !
Et voici, dans le genre « impressionnant » : le polypore aplani, très commun, de forme semi-circulaire et dont la surface ressemble à une croûte brune bosselée (une croûte pas très attirante, d’ailleurs il n’est pas comestible !). Il n’a pas de pied et s’accroche aux arbres notamment les feuillus (hêtres, frênes) qu’il parasite et fait mourir ; le chapeau peut atteindre 40 cm de diamètre. Mais il est également saprophyte : il se nourrit de « non vivant » et permet donc la dégradation du bois mort.
Il semblerait que certaines espèces de mouches aiment y déposer leurs œufs et donc les larves s’y développent (et les trous qu’on voit par dessous suggèrent que c’est le cas ici). Et puis, ce champignon aurait également des propriétés médicinales.
Et pour ajouter un peu de fun à cette balade, je vous présente de drôles de rigolos… j’ai nommé le « coprin chevelu » (Coprinus comatus). N’est-il pas funny avec ses cheveux hirsutes au vent ? D’ailleurs en anglais, on dit aussi « Lawyer wig » (la perruque d’avocat). Alors effectivement au cours du vieillissement, la peau externe du chapeau (la cuticule) se désagrège en fin filaments.
Flanqués sur de hauts pieds au milieu de orties, ces champignons sont comestibles lorsqu’ils sont jeunes (dans ce cas, le chapeau ne possède pas encore cette forme évasée à sa base, une sorte de cloche bordée de noir mais il est cylindrique et tout blanc). D’ailleurs, ils sont très prisés en Chine, aussi bien pour leurs propriétés gustatives et médicinales (effets sur la glycémie, propriétés antibactériennes hypolimidémiantes et antitumorales ! [1]).
Cap sur les berges de la Deûle
Et puis sur les berges du canal, on découvre la faune aquatique… les canards bien sûr ! Savez vous qu’on parle des canards « barboteurs » lorsqu’ils se nourrissent en basculant le corps pour fouiller l’eau ou la vase, sans plonger. Mais leur nourriture est généralement en surface ou dans des eaux peu profondes.
On a aussi ici, des oiseaux qui ressemblent à des poules d’eau…mais il s’agit de la « foulque macroule », une espèce d’oiseau de rivages appartenant à la famille des rallidés . On la reconnaît à son plumage noir, son bec blanc pointu qui se poursuit par une plaque frontale (appelée « Ecusson ») blanche également.
Et puis, de l’autre côté du canal, on aperçoit, une ancienne ferme… C’est le Relais Nature à Santes.
Pour aller plus loin dans ce que la nature nous dévoile : Le Relais Nature
L’office du Tourisme des Weppes organise toujours des sorties très enrichissantes … Le 19 octobre dernier, c’était donc ce Relais Nature que nous avons pu découvrir, quelques jours avant sa fermeture annuelle.
Alors là-bas tous les sens sont en éveil, et le Relais s’adresse aussi bien aux grands qu’aux petits. Mais je vous réserve cela pour un prochain post !
Références
1- Li B. et al., « Antioxidant Properties of Cap and Stipe from Coprinus comatus », Molecules 2010, 15, 1473-1486; doi:10.3390/molecules15031473
2- Vieira V. et al., « Expanding Current Knowledge on the Chemical Composition and Antioxidant Activity of the Genus Lactarius », Molecules 2014, 19(12), 20650-20663; doi:10.3390/molecules191220650