Lorsque j’ai démarré ce blog en 2007 (ça commence à dater mine de rien), j’avais prévu de parler d’environnement avec beaucoup plus d’assiduité que ce qu’on peut finalement trouver ici. Effectivement, même si mon premier post parlait de réchauffement climatique (ICI), je regrette qu’il n’y ait pas eu plus d’articles consacrés au climat. A relire si cela vous intéresse :
– quand la banquise flotte, dérive et fond,
– mer et climat,
– des déserts dans la mer.
D’abord c’est vraiment important qu’un maximum d’humains prenne conscience de l’ampleur de la tâche et puis il y a tant à dire ; d’ailleurs c’est le moment où jamais. Bref, à quelques semaines du démarrage de la COP 21* : la conférence des Nations Unies, qui se tiendra à Paris à partir du 30 novembre, si on parlait climat, environnement, biodiversité, énergie ?
La COP 21 doit aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous les pays, dans l’objectif de limiter le réchauffement mondial à 2°C.
A l’occasion de la fête de la Science qui s’est déroulée récemment (la semaine du 7 octobre), j’ai eu l’opportunité de me balader du côté du Village des Sciences, à la Gare Saint-Sauveur de Lille, une manifestation organisée par la Communauté d’Universités et d’Etablissements Lille Nord de France (ComUE LNF).
Le thème choisi : « Climat(s) » balayait une large palette de préoccupations, de travaux de recherche et s’adressait à tout public, notamment des collégiens pour éveiller les jeunes esprits. Je vous propose de revenir sur quelques unes des présentations d’équipes de recherche de la région Nord Pas de Calais
Trois circuits, pour trois pistes de réflexion, étaient proposés : causes et conséquences du changement climatique, quelques alternatives énergétiques, environnement et santé.
NB : Seuls sont abordés ici les thèmes des espaces dédiés que j’ai pu visiter donc pas exhaustif (je ferai mieux l’an prochain).
1- Causes et conséquences du changement climatique
Dans cette partie, je me suis concentrée sur les présentations du CNRS délégation Nord-Pas-de-Calais, Picardie . Merci aux différents chercheurs pour leur disponibilité et la passion avec laquelle ils présentent leurs travaux.
Les espèces végétales ne sont pas distribuées au hasard : leur implantation dans un espace environnemental (leur niche écologique) dépend des caractéristiques du milieu. Parmi ces caractéristiques, on s’en doute, la température et l’humidité jouent un rôle majeur.
Comment les espèces végétales, et les espèces animales qui dépendent des premières vont-elles pouvoir s’adapter au réchauffement climatique ?
Quelques éléments de réponses à cette question cruciale, se concentrent sur la migration géographique des espèces, et sur l’adaptation.
Des exemples nous sont donnés, comme celui du moustique tigre, d’origine tropicale, qui migre vers l’Europe depuis quelques années et s’y adapte parfaitement pour cause des températures plus élevées à ces latitudes. On en sait quelque chose !
Autre problématique : celui du décalage du calendrier entre les besoins de certaines espèces et les ressources disponibles. C’est la cas par exemple de la mésange charbonnière : avant le réchauffement, ses oisillons trouvaient facilement leur pitance (pic d’émergence des chenilles). Les petits se trouvent désormais fort dépourvus car les chenilles apparaissant plus tôt (à cause des températures plus clémentes) et sont déjà transformées en papillons.
Mais après enquête complémentaire de ma part, il semble qu’il y ait bel et bien « adaptation » dans l’air : la mésange pond plus tôt, alertée via vraisemblablement un mécanisme hormonal dès les premiers radoucissements (lien ici) !
Toutes les espèces bénéficient-elles d’une telle possibilité adaptative surtout sur une si courte échelle de temps ? Rien n’est moins sûr, alors il faut étudier pour mieux anticiper : expériences, recherche de terrain, modélisation.
Autre présentation dans ce circuit : un petit détour par l’archéologie, paléontologie avec une superbe collections de fossiles (os, dents, défenses), témoins de la biodiversité passée et de la façon dont les espèces se sont adaptées (ou pas) au différents changements climatiques : les glaciations ou les périodes de réchauffement.
L’étude de ces questions relève des activités d’équipes telles que Evo–Eco–Paléo (UMR 8198 CNRS/Université de Lille, Sciences et Technologies) qui conjuguent divers domaines d’expertise (génétique, paléoécologie, écologie évolutive…)
Après la biodiversité, place à l’impact du réchauffement sur les eaux, notamment la chimie de l’eau. Les médias évoquent bien souvent la montée des eaux due à la dilatation des océans et à la fonte des glaces terrestres. Mais il n’y a pas que cela, loin s’en faut.
Il faut aussi sensibiliser sur tout le reste : en effet, l’augmentation de température modifie également la physico-chimie des eaux :
– la solubilité d’espèces minérales est fonction de la température,
– la solubilité de l’oxygène qui diminue avec la température (d’où une menace d’anoxie pour les espèces aquatiques),
– la densité modifiée perturbe aussi la circulation des courants océaniques : cela impacte directement le climat de certaines régions du globe.
Quant à l’augmentation du CO2 (premier gaz à effet de serre en ligne de mire), il favorise la photosynthèse (au moins dans un premier temps) ce qui est plutôt une bonne nouvelle car cela renforce l’absorption du CO2. Mais il est bon de rappeler les risques de développement d’espèces invasives, à croissance rapide qui concurrencent les espèces indigènes et détériorent la qualité de l’eau : une diminution de la biodiversité se profile à l’horizon même si l’effet d’une augmentation de la teneur en CO2 sur le métabolisme des plantes est un processus assez complexe à cerner.
Bien sûr l’accroissement du CO2 favorise également l’acidité des eaux (à cause du CO2 qui se dissout, donnant l’acide carbonique) ce qui est très préjudiciable pour les écosystèmes marins et la chimie de l’eau en général (modification de la solubilité de bon nombre d’espèces).
Voilà; il y aurait beaucoup à dire encore sur les activités du CNRS présentées lors de ces journées : la lutte des émissions des gaz à effet de serre en modifiant la combustion (autres types de carburants pour les moteurs, système d’auto-inflammation, modification de la composition des mélanges) ou la physico-chimie atmosphérique …
Je terminerai cette première partie (une seconde pour les deux autres circuits est prévue d’ici quelques jours) par la présentation du magazine Nord Êka découvert sur place. Il existe en version papier (téléchargeable sur le site dédié où des infos complémentaires aux dossiers du magazine sont disponibles) : il s’agit d’un magazine de découvertes des sciences écrit par et pour des jeunes. Le 3e numéro (portant le N° 2) est sorti en octobre, et son thème « Le climat : les scientifiques se mobilisent «
On y découvre la présentation d’innovations, de projets, de réussites made in Nord Pas-de-Calais, mais aussi des explications plus développées sur des travaux de recherche en lien avec le thème (ex ici : l’étude de la modification de la biodiversité marine due au réchauffement), des interviews de chercheurs, des chroniques de livres, de films, un agenda des principales sorties scientifiques et culturelles de la région !
Bref, un magazine qui n’a rien à envier à ses alter ego à fort tirage qui ont plus de bouteille.
A très vite, pour la suite. La suite est consultable ICI
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