Au cœur du recyclage, de l’innovation et de la créativité

Créer de ses mains, laisser libre cours à son imagination, savoir tirer parti de matériaux simples à portée de main, apprendre à réparer, et se former en même temps à de nouvelles techniques, voilà un riche programme qui ne laisse pas indifférents petits et grands, notamment dans un monde qui bouge, innove sans cesse mais où, on se met quand même à réfléchir sur notre impact environnement et la notion de « moindre consommation des ressources ».
C’est  dans cette optique, que j’ai passé un peu de temps à visiter récemment, le salon « Maker Faire » de Lille, qui s’est déroulé du 1er au 3 mars 2019 au tri postal ! C’est un salon qui rassemble concepteurs, créateurs d’objets nouveaux ou rénovés, de projets innovants pour un futur optimisé et responsable. Il était donc question de Technologie, Science, Savoir-faire, Créativité, Durabilité, Recyclage,…qui touche les loisirs, l’éducation, l’habitat, les entreprises, l’acquisition de nouvelles connaissances.
Un grand succès pour cette 3e édition composée de 400 makers une cinquantaine d’ateliers/conférences/animations où le public s’est retrouvé « en nombre » !


Voici quelques petits morceaux choisis de ce que j’ai pu apprécier.

Quand la musique est bonne
La musique apporte beaucoup, bien plus qu’on ne pourrait l’imaginer de prime abord : c’est un sujet qui me tient à cœur et que j’ai déjà évoqué sur ce blog dans le cadre d’un billet dédié (la musique aide au développement cognitif chez les enfants).
Au Maker-Faire de Lille, la rencontre avec Sébastien Faszczowy était magique pour les enfants. Pratiquer la musique sur des instruments qu’on fabrique soi-même, avec des matériaux récupérés quoi de plus palpitant ? En effet, pas besoin de bois exotique, de pièces élaborées usinées ou d’autres matériaux sophistiqués pour se faire plaisir : en avant la récupération de bouts de canapé, de boîtes de conserve. Au salon, il présentait donc une « drôle de cithare » et une « clarinette » et en expliquait le fonctionnement.

Une jolie cithare, version « hand made » (à écouter dans la vidéo ci-dessous)

Sébastien est musicien intervenant et anime des ateliers d’éveil musical mais aussi de lutherie pour comprendre les instruments (de l’organologie)… C’est là que les enfants approchent aussi la science et notamment la physique :
De l’importance de la grosseur et de la longueur d’une corde sur la hauteur du son, les ateliers permettent d’évoque aussi les phénomènes de fréquence, de résonance et de s’appesantir sur la présence d’un chevalet qui sépare une longue corde et permet de produire 2 sons !

Notons que Sébastien a commencé cette approche pédagogique, il y a une petite dizaine d’années en travaillant avec des personnes handicapées pour les aider à pratiquer la musique. C’est vraiment une belle rencontre, et j’espère pouvoir aller visiter son atelier très prochainement lors de ses portes ouvertes.

Cap sur le 7e Art
Dans la même mouvance Art et Science et « S’exprimer par l’art avec des matériaux simples », j’ai aussi beaucoup aimé l’initiation à la création d’objets, de prototypes en vue de les animer ou de créer des films d’animation (2D/ 3D), support pour l’invention de belles histoires avec du simple carton qui présente l’avantage de se mettre en oeuvre très facile et rapidement. Ces belles idées sont portées par Frédéric Géraud de « We animate« .

Préparation d’un film d’animation 2D

Il faut donc apprendre à fabriquer des personnages, des décors, créer des ambiances bref réaliser des créations percutantes avec des matériaux simples et recyclés tels que le papier/carton. Tout en appréhendant les lois du mouvement (donc dans la thématique des sciences), un monde très poétique s’éveille et s’anime sous les yeux des enfants.

Petit robot pour une animation 3D

Et si vous voulez voir le résultat…

Un peu de repos pour ce robot handmade home

Si vous souhaitez vous lancer dans la création de prototypes de robots en carton, le blog « We animate » propose des tutoriels.

Economie circulaire
Moi qui ai du mal à me séparer de mes objets, et dans une mouvance de lutte contre le gaspillage et l’attitude ultra-consumériste, j’ai apprécié la fenêtre ouverte sur l’économie circulaire qui vise à réparer, recycler…à notre petit échelle de consommateur.
Le but est noble et multiple : diminuer les déchets, diminuer la pollution, limiter l’utilisation de ressources (ex : les métaux rares dit stratégiques présents dans l’écran d’un ordinateur ou d’une télévision), réduire la consommation d’énergie liée à la fabrication d’un produit neuf sans oublier l’optique du ‘Do it Yourself’, à savoir développer la créativité.
Ainsi, le « Jardin des Bennes », une association fort active basée à Estaires, non loin de chez moi qui propose des ateliers pour adultes et enfants sur le détournement d’objets, la réparation et le recyclage. Il en sort des trucs rigolos mais surtout la démarche sensibilise aux  solutions aux dérives du consumérisme.

De vieux bidons recyclés sur le stand du « Jardin des Bennes »

A côté de ces appels à la modération, le Maker Faire c’est aussi un regard sur le monde des nouvelles technologies, les innovations ce qui peut a priori, paraître paradoxal par rapport au low-tech. Mais pour moi, tout dépend de quoi on parle. Réparer, recycler ou réutiliser des ressources simples dès qu’on le peut pour les loisirs ou notre vie quotidienne, c’est une très bonne chose. Mais le high-tech rend également de grands services pour l’homme, les services et l’industrie et on peut désormais créer soi même via certaines de ces technologies (tout seul ou dans le cadre d’un fab lab).

Cap sur la robotique
Les robots rendent de nombreux services (par exemple en se substituant à l’homme pour des tâches complexes et dangereuses -cf le démantèlement de réacteurs nucléaires ou les missions spatiales-). L’utilisation de robots, dans d’autres cas de figures, nécessite cependant discussion.
L’école Algora présente ses ateliers à destination des enfants pour leur faire découvrir la robotique et l’apprentissage du codage qui s’y rapporte. 

De drôles d’animaux sur le stand de l’Ecole Algora

Sur d’autres stands, il était même possible pour les enfants de démarrer une première expérience de la programmation et de fabrication manuelle, comme par exemple cet atelier pour « Sauver Philae« . Le robot a ses batteries à plat sur la comète Tchouri et nécessite un codage.

Il faut sauver Philae mais avant, apprendre à coder avec Scratch.

Cette activité était présentée conjointement aux activités de Trézorium basé à Plaines Images de Tourcoing, entreprise qui propose des ateliers pour enfants (fabrication artisanale, codage, impression 3D…) et de la formation pour la mise en place d’ateliers.

Impression 3D

L’impression 3D ou « fabrication additive », on nous en parle depuis plusieurs années déjà, mais voir travailler de près une imprimante entrain de confectionner un objet aux multiples facettes et détails, c’est toujours impressionnant.
Alors la technique habituelle repose sur la fusion d’un filament thermoplastique (mais cela peut aussi être une poudre métal) qui passe par une buse chauffée. A partir d’un objet 3D et d’une modélisation de fines couches 2D de ce dernier, la machine est capable de dupliquer en ajoutant de la matière couche par couche.
A qui sont destinées des machines ? des industriels bien sûr pour produire facilement des petites pièces en petit nombre (aérospatial, aéronautique, automobile…), des entreprises fabricant des prothèses pour le monde médical, des institutions de recherche, des fab-lab mais aussi des particuliers.
Plusieurs fabricants étaient présents, je n’en citerai que quelques uns.

Imprimante 3D en pleine action (Fabricant Prusa)

Imprimante 3D Domestique du fabricant Flashforge Technology

Le constructeur français, basé à Roubaix, Dagoma présentait également des  imprimantes 3D. Cette société a développé des modèles pour les particuliers, faciles d’utilisation, abordables, et avec des modèles en open source à télécharger. En plus, il existe le Club Dagoma qui rassemble des passionnés permettant d’échanger des astuces.

Imprimante 3D (Magis) de l’entreprise française DAGOMA

Ce type d’imprimante permet aux particuliers de réaliser des petites pièces de rechange pour la maison, des objets de déco personnalisés, des maquettes pour apprendre ! Les filaments sont en PLA (acide polylactique), matériau très stable, obtenu à partir d’amidon de maïs pour éviter la consommation de pétrole.

Exemples d’objets créés avec les imprimantes 3D conçues par Dagoma

Mais l’impression 3D fait l’objet de beaucoup de recherche notamment pour la mise au point de la modélisation 3D des objets à fabriquer ou des recherches sur la forme selon leur destination : ce sont les activités de l’équipe MFX (MAtter from Graphics) du Loria (Laboratoire Lorrain de Recherche en Informatique et ses applications).
Les pièces ci-dessous montrent combien la fabrication addition peut être complexe, précise avec des détails très fins, des caractéristiques variables (densité, porosité). Dans le domaine médical, pour la fabrication de prothèses ou d’exosquelettes par exemple, il est nécessaire de répondre à des contraintes spécifiques induites par différents mouvements.

Réalisations de pièces très précises grâce aux travaux de l’équipe MFX du Loria

Pour certaines pièces pour l’aéronautique (pièces d’avions, composants des turbo-réacteurs tels que aubages, éléments des chambres de combustion…), l’impression 3D permet un allègement des structures, la conception d’une géométrie plus complexe et donc, finalement, bénéfique pour la consommation de carburant.
Le fabricant tchèque Prusa nous présente d’ailleurs un modèle de turbo-réacteur qui fonctionne comme un « vrai » et un moteur à pistons, réalisés par fabrication additive. Ces réalisations peuvent servir à des fins pédagogiques ou pour valider la mise au point de prototypes en fabrication additive.

Impression 3D d’un petit modèle de turbo réacteur d’avion (Prusa)

Dans le domaine de l’automobile, la possibilité offerte par l’impression 3D sur de petits pièces au design précis permet un gain en matériaux et donc en déchets… A l’heure où la consommation des ressources se doit d’être finement contrôlée, ce genre d’avantages est important.

Enfin pour les particuliers, les imprimantes 3D offrent la possibilité de pouvoir imprimer des pièces particulières pour réparer des machines (Boulanger a lancé ce genre de programme par exemple pour faire durer l’électroménager).

Pour conclure, voici une petit vidéo montage de ma visite au Maker Faire de Lille 2019. Merci aux organisateurs pour l’invitation Presse.

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