[Femmes en sciences] Maryam Mirzakhani

Aujourd’hui, 11 février, c’est la journée internationale des femmes et des filles de sciences et je voulais en profiter pour dire quelques mots sur Maryam Mirzakhani, une grande mathématicienne qui nous a quittés à l’âge de 40 ans, en juillet 2017.

Voici un court résumé de sa vie, quelques informations sur les grandes lignes de son travail en mathématiques et de son mode de pensée.

Maryam est d’origine iranienne, elle est née à Téhéran en 1977.

Lorsqu’elle était petite, elle adorait la littérature, elle dévorait les livres de toutes sortes et s’imaginait devenir écrivain ! Mais alors les maths ? Son cœur a chaviré lorsqu’un jour son frère aîné, qui lui racontait ses journées d’école et les sujets sur lesquels il travaillait en classe lui pose une colle : quelle est la somme obtenue en additionnant les 100 premiers nombres entiers ? Il lui montre comment Carl Friedrich Gauss, mathématicien allemand réussit, à l’âge de 10 ans, à résoudre facilement le problème en faisant un regroupement astucieux des termes de la somme. Maryam est littéralement fascinée par la méthode employée ! De là est née sa passion pour les mathématiques, un domaine où elle devient vite brillante.

C’est alors qu’elle fréquente un lycée privé de Téhéran réservé aux élèves à haut potentiel qu’elle commence à se faire remarquer : elle remporte à l’âge de 17 ans, les Olympiades internationales de maths avec la médaille d’or.

D’abord universitaire en Iran, elle s’envole ensuite pour les Etats-Unis pour y préparer un doctorat, dans la célèbre université d’Harvard. Elle soutient sa thèse en 2004 : un travail qualifié de « chef-d’oeuvre » par la communauté scientifique. Son sujet est centré sur la géométrie hyperbolique (telle que celle de la « selle de cheval ») et la topologie des surfaces de Riemann* ; l’intitulé du sujet est « Simple Geodesics on Hyperbolic Surfaces and Volume of the Moduli Space of Curves« . La thèse a donné lieu à des publications dans de prestigieuses revues de mathématiques.

Elle enseigne ensuite à l’Université de Princeton puis devient Professeur de Mathématiques à l’Université de Stanford en 2008.

Mais le point marquant de sa carrière est le fait qu’en 2014, elle remporte la Médaille Fields faisant d’elle la première femme à recevoir ce prestigieux prix décerné par le Congrès International des mathématiciens. Lorsqu’elle reçoit la médaille Fields, elle déclare « c’est un grand honneur et je serai heureuse si cela encourage de jeunes femmes scientifiques et mathématiciennes ».

*Les surfaces de Riemann est une notion plutôt difficile à concevoir pour des non-mathématiciens : c’est donc d’autant plus ardu à expliquer simplement. On pourrait dire, de façon très imparfaite, qu’il s’agit de surfaces, versions déformées du plan complexe (ℂ ).

Son originalité et sa façon de travailler

Maryam Mirzakhani est dotée d’une profonde curiosité et d’une forte intuition. L’originalité de son approche repose sur le fait qu’elle utilise des méthodes issues de différents domaines des mathématiques ; elle connecte différentes disciplines ce qui fait qu’elle parvient à ouvrir de nouvelles voies.

Elle traite tout problème mathématique comme si elle menait une « enquête policière » et les croquis occupent une place importante dans son raisonnement. Elle est persuadée que le fait de réaliser des schémas, des petits dessins permet de mieux focaliser son attention et encourage une telle pratique parmi ses étudiants.

Maryam aime passer un certain temps sur un problème épineux. Elle se dit « lente » dans son analyse, aux antipodes des mathématiciens qui résolvent une question en un clin d’œil. Mais son approche « posée » lui permet d’envisager un défi mathématique sous différents angles.

Bien que ses travaux portent sur des aspects très abstraits des mathématiques, ils trouvent des applications dans le domaine de la cosmologie dont l’explication de l’existence même de l’univers.

Bref, une femme incroyable, emportée à l’âge de 40 ans par un cancer du sein, dont il faut continuer à parler !

Note : Cet article fait partie des sujets abordés dans mon livre « Le Monde et Nous »

Références :

http://www.academie-sciences.fr/fr/In-memoriam/maryam-mirzakhani.html
http://www.claymath.org/library/annual_report/ar2008/08Interview.pdf
Pour ceux qui veulent vraiment creuser ses travaux : http://www.math.harvard.edu/~ctm/papers/home/text/papers/icm14/icm14.pdf

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