Bee Friendly garden : du bleu chez les plantes sauvages !

Cela vous dirait d’aider les abeilles pour lesquelles l’effondrement de certaines populations est assez préoccupant (problème complexe, multifactoriel) ? Pour cela, rien de plus facile, il suffit de créer un jardin dit « Bee Friendly » ? Moi j’avoue, cela me fait bien plaisir de faire le tour du mien pour y découvrir de jolies fleurs épanouies où s’y affairent bourdons, abeilles, mouches, coléoptères, papillons… C’est joyeux, vivant et surtout d’un point de vue pollinisation tellement utile !


Alors je me suis rendue compte que pour donner un coup de main à Dame Nature, certains se lançaient dans la création de jardins « amis de abeilles » (ou tout autre pollinisateur)… car oui certaines espèces de fleurs attirent plus que d’autres. Plusieurs facteurs vont jouer dans l’affaire : la couleur, la forme, la disponibilité du nectar et du pollen et leur abondance.

En ce qui concerne la couleur, il s’avère que cette caractéristique constitue un indice décisif permettant d’influencer le choix des pollinisateurs assurant le succès reproductif de l’espèce.
Plusieurs travaux de recherche dont certains très récents suggèrent que les couleurs autour du bleu et du violet semblent particulièrement porter la préférence de nos amies les butineuses. Elles sont en effet équipées d’un système visuel chromatique sensible aux longueurs d’onde correspondant au bleu, vert et ultraviolet.

La semaine dernière, je suis allée visiter le jardin des plantes sauvages au conservatoire botanique de Bailleul. Quel régal pour les yeux, quelle richesse de formes, de couleurs, de milieux de vie (reconstitués) et une belle brochette de pollinisateurs…Ce conservatoire est un organisme scientifique agréé par l’Etat et cherche à développer, conserver et protéger la flore sauvage. Il abrite un jardin de plantes sauvages de 9000m2 qui met en lumière la multitude de familles botaniques sauvages et la grande diversité au sein d’une famille.

Je vous propose donc une petite visite au pays des plantes sauvages :  j’ai choisi une petite sélection de jolies fleurs bleues qui étaient effectivement très propices à l’attraction d’abeilles, bourdons, mouches, papillons !

Les Lamiacées

Bienvenue dans la famille des lamiacées caractérisées par des tiges de fleurs à section carrée et souvent équipées de glandes à huiles essentielles diffusant des odeurs marquées (le thym, la menthe, le romarin, le basilic, la sariette, la lavande en font partie). Elles sont bien adaptées aux milieux secs.
En voici 4 représentantes.
Voici l’épiaire d’Allemagne (ou épiaire blanche), nom vernaculaire de Stachys germanica, une plante herbacée très velue (les poils contiennent des huiles) qui n’est pas sans rappeler la lavande…

Epiaire d’Allemagne et un visiteur – Plante herbacée – Lamiacées

De la même famille, voici la Brunelle des Pyrénées (Prunella hastifolia) caractérisée par des feuilles hastées (en forme de fer de lance) et des bractées (une partie de la fleur est en forme de feuille).
Un bourdon semble y trouver son compte !

Brunelle des Pyrénées

Brunelle des Pyrénées visitée : les bractées (ce qui ressemble à des feuilles) à la base des fleurs

De la famille des lamiacées également, la sauge des prés (Salvia pratensis) où les fleurs sont groupées en couronnes le long de la tige (on parle de verticilles). On la retrouve plutôt au niveau de prairies de terrains calcaires. Elle semble avoir des propriétés médicinales mais contient néanmoins de la thuyone (un neurotoxique).

Sauge des prés

Puis la sauge tubéreuse ou phlomis tubéreux (Phlomis tuberosa) où les fleurs sont aussi regroupées en verticilles mais de façon bien plus dense.

Phlomis tubéreuse

Les renonculacées
Voici la dauphinelle de Requien ou pied d’alouette (Delphinium pictum). Son nom lui vient de la forme de sa fleur (Delphinium signifie Dauphin). Il s’agit d’une espèce protégée au niveau national qu’on retrouve dans une petite zone de la Méditerranée (Iles d’Hyères)

dauphinelle de Requien

La fleur est magnifique !

dauphinelle de Requien

Egalement de la famille des renonculacées, voici l’Aconit casque de Jupiter ou Capuche de Moine (Aconitum napellus).

Aconit casque de Jupiter

Méfiance avec cette fleur en forme de casque, car l’Aconit qu’on rencontre en zone montagneuse est très toxique : elle contient des alcaloïdes tels que l’aconitine. C’est souvent le cas chez les renonculacées mais à des niveaux particulièrement dangereux chez l’Aconit.

Aconit casque de Jupiter

Les autres familles : Solanacées, campanulacées, polemoniacées …

Restons dans les plantes toxiques avec le faux coqueret ou pomme de pérou (Nicandra physaloïdes) magnifique, mais également toxique pour cause de la présence de l’alcaloïde solanine : toutes les parties de la plante sont toxiques : un mécanisme de défense contre les insectes et herbivores. La solanine, on la retrouve aussi dans la pomme de terre (nous en avions parlé ici). Ces deux plantes font partie de la famille des solanacées.
Notons que le faux coqueret est considéré comme adventice notamment dans les champs de maïs.

faux coqueret

Un petit tour du côté des géraniums des bois (Geranium sylvaticum) de la famille des géraniacées. C’est une plante protégée en Picardie.

géranium des bois

géranium des bois

En version plus violacée…

géranium des bois

Dans la famille des rutacées, je demande la fraxinelle (Dictamnus albus) qui génère une odeur forte. A noter les 10 étamines qui dépassent très largement les pétales. La fleur dégage (en cas de forte chaleur) une substance volatile inflammable à odeur de cannelle et de citron.

fraxinelle

Terminons par des polemonacées, avec le polémoine bleu encore appelé valériane grecque (Polemonium caerulum). La plante fleurit tôt au printemps (fleur bleue aux pistils jaunes) et attire beaucoup les pollinisateurs : la couleur y fait mais également le fait qu’elle contient une grande quantité de pollen.

polémoine bleu

Bref,ne regardons plus avec dédain les plantes sauvages : elles sont belles et peuvent participer à la lutte pour la bonne santé des pollinisateurs. Néanmoins, méfiance pour la consommation sous quelque forme que ce soit, car bien que séduisantes, un certain nombre d’entre elles contiennent des toxiques : tout ce qui est naturel n’est pas forcément sans danger.
Si vous voulez en savoir plus sur les plantes sauvages, rendez-vous chez Sauvages de Poitou du Café des Sciences.

Références :
P. Bergamo et al., « Flower colour and visitation rates of Costus arabicus support the ‘bee avoidance’ hypothesis for red-reflecting hummingbird-pollinated flowers », Functional Ecology 2016, 30, 710–720

Liens :

Cliquer pour accéder à Fiche%20NMP%20Lamiac%C3%A9es.pdf

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