Le syndrome Titanic

Mue par l’intérêt que je porte aux questions environnementales, je suis allée visionner le documentaire de Nicolas Hulot et Jean-Albert Lièvre « Le syndrome Titanic », sorti en salle le 7 octobre dernier.

Ma première impression est qu’il s’agit d’un film déroutant très noir, qui ne manque pas de provoquer un sentiment de malaise chez le spectateur, sentiment que je suppose voulu par les réalisateurs.

De quoi s’agit-il exactement ? Durant toute la durée du documentaire, des images flashs de quelques secondes, un tour du monde de situations inconcevables, noires, sur une musique un peu triste et la voix monocorde et désabusée de Nicolas Hulot ;

Ce qui marque les esprits de cette multitude d’images :

§  l’alternance des lumières et de la noirceur (les lumières surabondantes des paysages urbains, des trafics de voiture sur des serpentins de routes qui s’entrecroisent à l’infini avec un fourmillement de voitures (idem dans le ciel), la noirceur des bidonvilles et du quotidien de ceux qui ne vivent que des maigres ressources naturelles que les autres veulent bien leur laisser.

§  le rythme aussi de cet enchaînement d’images : dans les villes des pays riches, tout va très vite, s’accélère, s’enchaîne : les nuits illuminées, les gratte-ciels, la bombe atomique, les guerres…la vie des pays riches bourdonne à 100 à l’heure !

§  la surconsommation des pays riches et leurs conséquences : tout est à outrance, , les réseaux de télécommunications, la productivité à n’importe quel prix pour les industriels, les achats à outrance dans les centres commerciaux, le tourisme, la pub qui nous manipule. En face de ces images : les déchets d’une part (les déchets de tout : des parcs entiers d’avions, des ordinateurs qui s’entassent, les détritus) et le grand dénuement des autres (images de bidonvilles), ceux qui de l’autre coté de la planète n’ont même pas l’essentiel, qui vivent dans le plus grand dénuement, les uns sur les autres, et l’exemple de la vieille dame qui vit et dort dans sa voiture !

§  la surexploitation de notre planète, conséquence directe du mode de vie des plus riches, de la surconsommation, du gaspillage avec encore une fois des images et des mots bouleversants :

§  Les gros engins pour l’exploitation et le transport des matières premières, puisées au plus profond de la terre, toujours plus loin.

§  Les pylônes électriques, les puits de pétrole, les mines…

§  Les paquebots venues des deux parties du monde et qui se croisent, en transportant la même chose et en polluant

§  Les phrases choc de N. Hulot (NH « On ne consomme pas, on consume », « La nature succombe, elle est en charpie » « J’ai vu la planète se rétrécir sous mes yeux, je suis passé de la conviction insouciante de vivre dans un monde infini et immuable à la conscience d’un monde fini et vulnérable » «  J’ai peur pour mes enfants et pour tous les enfants du monde »

§  La conséquence de l’épuisement de la planète et de cette politique de surconsommation est la pollution qui engendre le réchauffement climatique…dont les plus démunis vont souffrir en premier, mais les autres aussi, plus tard !
La solution ? seule lueur d’espoir mais un espoir tout de même : le Soleil et l’énergie colossale qu’il dégage. NH « : mieux utiliser l’énergie du soleil qui en 2 minutes, offre plus d’énergie qu’on en utilise chaque année sur terre »

Ce documentaire malgré tout, distille quelques belles images…pas vraiment au sens « esthétique » de la chose (quoique la terre, notre « planète bleue » vue de l’espace est assez séduisante), mais dans le sens qu’il donne conscience du miracle qu’est la Vie. Car il faut un sacré concours de circonstances dans l’Univers pour qu’une planète rassemble les circonstances nécessaires et suffisantes pour que la Vie s’y développe. Sur Terre, c’est arrivé un jour, et depuis la Vie n’a cessé de se complexifier et de se diversifier… Là on nous montre des images évoquant l’infini de l’espace où nulle part encore, on n’a découvert trace de vie. Nous possédons un bien précieux (images de fœtus en cours de développement), un miracle et on n’en a pas conscience. NH « La vie ne tient qu’à un fil et on n’a de cesse de jouer avec un rasoir »

Ce n’est qu’à la fin du film qu’est évoqué clairement le nom du Titanic. Pourquoi le syndrome Titanic ? car on se dirige tout droit vers un iceberg, parce qu’il ne suffit pas de ralentir la cadence, c’est un changement radical dans nos habitudes, un virage à 90° si on veut éviter l’obstacle. Mais d’autres analogies avec l’aventure du paquebot :
– lors de la mise à l’eau du Titanic, un petit nombre avaient évoqué leurs doutes quant à l’insubmersibilité…ils n’avaient pas été écoutés !
– lorsque l’énorme iceberg a été vu par l’équipage, la prise du conscience du problème s’est opérée : il était déjà trop tard !   
– lorsque la catastrophe a commencé et que le bateau a pris l’eau, on a demandé à l’orchestre de jouer plus fort…

Alors j’ai lu quelques critiques sur ce film. Et quelques uns reprochent une vision un peu trop sombre, fermée sans lueur d’espoir, culpabilisante…donc à quoi bon faire des efforts s’il n’y a plus rien à faire ?
En fait, je ne crois pas qu’on cherche à nous faire culpabiliser …C’est plutôt la critique de notre modèle économique , social, politique…tout est lié …A l’échelle de chaque individu, on est parfois, souvent, coincé dans les convenances, les habitudes, les systèmes…
Il est vrai que le film est dense, dense en images, un peu rapides…on aurait aimé s’appesantir un peu plus longtemps sur certaines situations, pour mieux comprendre les enjeux, les détails…

J’ai pu constater également une certaine lassitude du public, des problèmes écologiques…on en parle trop, les gens se sentent agressés…certains médias ou personnes en parlent certainement par mode, pour faire comme tout le monde et parce que cela fait bien !
Néanmoins, je pense qu’il faut croire tous ces scientifiques et experts qui ont réalisés moult études sur le sujet…ils savent de quoi ils parlent. Pas nous…
Je rappellerai aussi l’exemple cité dans le livre « Home » de Yann Arthus-Bertrand…L’histoire de l’île de Pâques de l’Océan Pacifique. La civilisation a disparu brusquement …Selon un expert américain, J. Diamond, cette disparition est liée au fait que les habitants auraient coupé tous les arbres de l’île se privant ainsi d’une ressource naturelle non renouvelable entraînant l’érosion des terres, l’impossibilité de construire des bateaux
et enfin une dernière citation de Nicolas Hulot «
Nous assistons à une forme de déni, car l’évidence nous gêne »

En conclusion, je conseille d’aller voir le film car il faut prendre conscience …et ne pas laisser voir venir, les yeux grands ouverts mais aveugles.


Source ICI

Quelques liens :

http://www.lesyndromedutitanic.com/

http://www.passerelleco.info/article.php?id_article=300

http://www.manicore.com/documentation/aeroport.html

2 comments for “Le syndrome Titanic

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